La trahison de l'Alliance

Je suis un Gnome de l'île Ehime, tous mes semblables ont disparu sous les coups de la Horde. C'est pourquoi j'attache une grande importance à l'histoire et au devoir de mémoire qui permettent aux nouvelles générations de toujours aller de l'avant et de ne pas faire des erreurs déjà commises par leurs Anciens. Le récit que je vais te faire, jeune lecteur, tu ne le trouveras nulle part ailleurs que dans ce rouleau que tu tiens entre tes doigts fermes, car la période sombre durant laquelle il s'est déroulé ne laissait pas aux protagonistes le temps ni la force de le mettre sur parchemin.

Si tu lis ces mots, tu connais l'Ordre de l'Inquisition, tu sais qu'ils sont sortis récemment de la pénombre dans laquelle ils ont été trop longtemps plongés. Cependant, jeune lecteur, tu ne sais pas encore ce qui les a conduit à se retirer de la scène politique de l'époque. Malgré les efforts des puissances de l'Alliance pour effacer cet évènement de l'Histoire, tu as certainement déjà entendu parler de la bataille de Torquemada, au cours de laquelle l'Alliance détruisit une grande partie de la Horde. Si tel est le cas, tu peux remercier le bouche à oreille et la volonté inébranlable des Iquisiteurs qui voulainet faire perdurer leur histoire à travers les siècles troubles que traverse le Lorndor en ce moment. Cette histoire m'à été contée par un vieil elfe à la barbe aussi longue que son âge, alors que j'étais à la recherche d'un membre de cet Ordre déchu.

La bataille de Torquemada fut l'une des plus sanglantes de l'histoire du Lorndor. Heureusement pour nous, la Terre préfère le sang de la Horde pour se désaltérer. Cependant, durant cette bataille, supervisée par les généraux de l'Inquisition, le sang des Allianceux fut aussi versé en abondance, et pas uniquement par des Hordeux.
A l'époque, le plus haut gradé connu dans la hierarchie secrète de l'Ordre était un colosse humain : le Grand Inquisiteur Maëgand, surnommé l'Impitoyable. Il inspirait crainte et terreur à tous ceux qui l'approchait pour la première fois, mais la chaleur de son accueil rassurait. Sa perspicacité et son intelligence n'avaient d'égales en tout le Lorndor, et cela l'avait conduit à mettre ses aptitudes au service de l'Ordre de la Très Sainte Inquisition, un des groupes les plus craints de l'Alliance. Lorsqu'ils comprirent que l'affrontement approchait, les puissances de l'Alliance confièrent la direction de l'armée de coalition à Maëgand. Maëgand acquit la victoire mais au prix de nombreuses vies.

L'Ordre revint triomphant à sa base secrète,et Maëgand envoya immédiatemment des émissaires dans les royaumes de l'Alliance. L'Ordre ne pouvait pas être joint, c'était l'Ordre qui s'informait lui même à sa manière, personne ne devait découvrir leur retraite cachée. Maëgand s'étonna de ne pas voir ses émissaires revenir dans les jours qui suivirent, puis l'un d'eux lui apporta une missive le conviant à un Conseil de l'Alliance auquel il se rendit quelques jours plus tard.

Voici ce qu'aucun autre document ne t'apprendra jamais : la trahison de l'Alliance.

Maëgand voyageait toujours seul, monté sur son destrier Tenba. Lorsqu'il franchît les grilles du château d'Arteurin, il ne reçut pas les acclamations auxquelles il s'attendait mais à des regards noirs, emplis de haine. Certains eurent même l'audace de cracher par terre pendant son passage. Maëgand ne comprenait pas ce qu'il était en train de se passer, il avait débarassé la terre de milliers de soldats de la Horde qui voulaient tuer et piller les personnes qui à présent le huaient, et l'auraient surement attaqué s'il n'inspirait pas autant la frayeur.
Il parvint tout de même à entrer dans la salle du Conseil. Cependant, elle n'était pas disposée comme à l'accoutumée, elle avait été transformée pour ressembler à un tribunal.
Maëgand ne comprit que trop bien la situation dans laquelle il était. Il commencait tout à coup à prendre conscience qu'il ne reverrait peut être jamais la lumière du jour.
Raï le Solitaire était assis au milieu d'autres chefs de clans. Certains semblaient en retrait et lancaient des regards compatissants vers Maëgand, tandis que d'autres, et Raï le premier, le toisaient avec le même regard qu'il avait déjà vu dans les yeux des paysans quelques minutes auparavant.

"Asseyez vous ici Inquisiteur" lui dit Raï sur un ton impérial.

Maëgand n'avait aucune confiance en cet homme. Il avait déjà prouvé à plusieurs reprises par le passé, qu'il faisait passer ses intérêts et ceux de son peuple avant les problèmes de l'Alliance. Qui plus est, tout comme Maëgand, il faisait peur, mais plus par ses actes et sa verve que par son apparence imposante, si bien que les autres éminents chefs de clan osaient à peine interrompre le Solitaire, et encore moins le contredire. Bien sûr certain l'approuvaient, et le montraient franchement, mais même ceux ci n'osaient pas plus se mettre en avant car la coère de Raï était un souvenir dissuasif. Maëgand comprit qu'un long face à face difficile allait se dérouler.

"La politesse aurait-elle déserté votre foyer noble Raï ? Est-il coutume de recevoir ainsi celui qui a mené l'Alliance vers sa plus grande victoire depuis des siècles ?"

"A ce sujet, le peu de soldat ayant survécus sous vos ordres m'ont rapporté des faits étranges dont j'espèrais un éclaircissement en vous conviant ici. Asseyez vous." reprit-il sur un ton encore plus menacant.

"En quoi puis-je vous aider ?" Maëgand voulait lui faire comprendre qu'il ne se laisserait pas intimider de telle sorte.

"Si vous êtes assis ici, c'est pour répondre de vos actes. Des soldats nous ont rapporté que vous aviez délibérément exposé les troupes des autres clans pour épargner vos inquisiteurs que vous avez laissé en retrait. Est-ce digne du titre de défenseur de l'Alliance dont vous vous portez garant ? De plus ils nous ont également avoué que vous usiez de la nécromancie pour faire revivre les cadavres, pendant la bataille, et que vous étiez à la tête d'une armée de mort-vivants. Certains affirment même que vos Taurens ne sont pas muselés, et qu'ils sont traités comme n'importe quelle autre monture. Auriez vous perdu la raison au point d'user de tous ces moyens ? Ou peut etre avez vous tout simplement renié l'Alliance ?"

"Si les Inquisiteurs ne sont entrés dans la bataille que plus tard, c'est uniquement par choix de stratégie, étant les guerriers les plus redoutables des troupes dont j'avais la direction, il était nécessaire de les faire entrer le plus tard possible, après avoir évalué la puissance de l'ennemi. Sachez que les rangs des Inquisiteurs ont eux aussi été décimés durant cette bataille. En ce qui concerne les morts-vivants et les taurens, ils sont fruits d'expériences destinées à les mettre au service de l'Alliance. Il faut savoir utiliser tous les moyens possibles pour la sauvegarde de l'Allience, quel qu'en soit le prix. Pour finir, sachez que ma foi en l'Alliance est toujours aussi forte et que rien au monde ne me détournerais des sentiers qu'elle à tracée pour moi. Les morts-vivants de nos rangs possèdent aussi cette foi inébranlable en l'Alliance qui ne les a pas quittés, même après leur mort. Et malgré le fait que vous ne soyez jamais mort, je ne pense pas que vous puissiez en dire autant Raï, n'est-ce pas ?"


Le Grand Inquisiteur laissa sa dernière pique faire son effet. Il avait appris l'art de la rhétorique dans le temple d'Arteurin qui se trouvait à quelques journées de marche de là où il se trouvait. Il savait qu'attaquer de front n'était jamais la meilleure solution dans une joute oratoire. Il devait attirer son ennemi hors de ses retranchements, sur son terrain, là où il se sentirait désarmé, et là Maëgand lancerait son attaque définitive. Comme prévu, Raï finit par lancer :

"Si vous m'accusez d'avoir fait fuir la politesse de ma demeure, c'est le respect qui a quitté votre être. Que signifient ces insultes ?"

"Elles signifient simplement que vos échanges réguliers avec un émissaire Grunt n'ont pas échappés à notre vigilance. Nous savons que de l'or a changé de main, mais ce que nous ignorons, c'est pourquoi un chef de l'Alliance traite avec la Horde."

Il savait au virement de la teinte de Raï qu'il avait touché au but. Mais ce dernier se reprit et après avoir lancé un grand éclat de rire, il dit :

"Votre esprit est à l'image de votre Ordre : désuet. L'Alliance va mal Maëgand. Les luttes incessantes avec la Horde l'affaiblissent sans arrêt, et les paysans ne croient plus en la paix qu'elle souhaite apporter. Ils ne voient que la mort qu'elle apporte, les réquisitions de leur blé et de leur bétail, la famine qui les guette. Le royaume Grunt propose à mon clan nouritture et protection en échange d'or. Si je crois encore à la paix que peux nous apporter la guerre contre la Horde, la seule chose qui occupe mon esprit avant tout, c'est le bien-être de mes terres et de mon peuple. C'est pourquoi j'ai accepté la proposition des Grunts et n'hésiteraias pas à faire appel à leurs services si mon peuple est menacé..."

Maëgand l'interrompit au milieu de sa réplique :

"Vous ne comprenez donc pas que la plus grande menace pour votre peuple est la Horde ? Croyez-vous sincèrement que les Grunts vont rester longtemps comme des serviteurs ? Ces créatures là n'ont pas de maîtres, si elles pactisent avec vous c'est uniquement dans le but de prendre vos terres à la première occasion. Vous courrez à votre perte, vous allez mener votre peuple à la destruction."

"Encore et toujours vos idéaux chastes de l'Alliance. Le monde n'est pas si facile à concevoir. Il n'y a pas de Bien et de Mal, ces concepts sont inventés pour que les "gentils" justifient leurs crimes. Quelle que soit sa race, c'est le guerrier le plus fort qui gagne, pas celui dont les idéaux sont purs. C'est pourquoi j'accepte toute aide pour aider mon peuple, qu'elle vienne de l'Alliance ou des profondeurs de la Horde."

"Vous m'accusez de me servir de mort-vivants et de taurens pour aider l'Alliance mais vous pactisez avec la Horde pour des raison égoïstes, lequel de nous deux devrait être jugé aujourd'hui ?"

"ASSEZ, hurla Raï, votre outrecuidance dépasse les limites de l'acceptable, il est temps de passer à la peine qui va vous être infligée. Le Conseil à choisi la mort, ici même et maintenant."

"Je vous gêne donc à ce point ? Merci, vous me faîtes là un grand honneur. Cependant je ne pense pas pouvoir me rendre aussi facilement."

"[color=orange]Et que pensez vous faire tout seul et désarmé ?"


A ce moment précis surgît des profondeurs un bourdonnement intense. Maëgand avait démarré les incantations. La première fît apparaître dans sa main une hallebarde scintillante. La seconde devait lui permettre de faire apparaître son armure, mais Raï qui avait pensé à tout fit signe à l'un de ses archers posté à l'étage qui banda son arc en direction de Maëgand. Ce dernier eu tout juste le temps de s'écarter, rompant l'incantation. La flèche s'enfonca dans son épaule droite. Maëgand était gaucher ce qui lui permit de lancer sa hallebarde vers Raï, mais il le rata et ne fît que lui taillader la main.

Lorsqu'il lanca son arme, la tunique de Maëgand, déjà entaillée par la flèche, se déchira complètement, découvrant aux yeux de tous plusieurs cicatrices d'un noir étincelant.

"La mort laisse toujours des traces. Comment avez vous osé combattre à nos côtés alors que le sang de la Horde coule dans vos veines. Traître."

"Je vous ai déjà dit que la mort n'avait en rien altéré ma foi en l'Alliance. Le traître ect plutôt celui qui par peur de la mort pactise avec l'ennemi"

Sentant sa fin proche, dans un élan de fureur, le Grand Inquisiteur sortit de la salle du Conseil en renversant les gardes. Une fois dehors il s'agenouilla sur le sol, il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Son cheval Tenba était là. Il prononca une incantation et le cheval se cabra avant de s'enfuir au galop. Il avait fait son devoir, le reste de l'Ordre serait au courant que l'équilibre Alliance/Horde allait être troublé par une puissance neutre qui ne se battrait que pour sa survie et sans aucune autre valeur que l'égoïsme et l'égocentrisme.

Il regarda le ciel une dernière fois. En entendant les pas de Raï se rapprocher dans son dos, il repensa à ce qu'il avait accompli. Jamais il n'avait failli à la ligne de conduite de l'Ordre. Il pensa à la femme qu'il aurait pu avoir, aux enfants qu'il aurait pu élever avec elle, mais il était trop tard désormais. Il se dit en voyant l'ombre de Raï soulever une épée dans son dos, que c'était un beau jour pour mourir.
Il n'avait pas peur de la mort, après tout, il était déjà revenu des portes de l'Enfer à plusieurs reprises. Il n'avait pas non plus peur pour l'Ordre, il survivrait, caché mais toujours présent.

"Je tuerais un à un tous les chiens de votre Ordre. Contemplez aujourd'hui la mort de l'Ordre de la Très Sainte Inquisition"

"Nous avons vaincu la mort, plus rien ne peut désormais nous arr..."

Ainsi mourut Maëgand l'Impitoyable, Grand Inquisiteur de l'Ordre de la Très Sainte Inquisition, vainqueur de la bataille de Torquemada, trahi par l'Alliance qu'il aura servi jusqu'après sa mort, hué par une foule de paysans dont il avait protégé les terres et les vies, rayé de l'Histoire qu'il voulait préserver.

L'Alliance mit en place des mesures pour traquer et exterminer les Inquisiteurs mais ces derniers, prévenus par le cheval, avaient pris le large et gagné l'une des nombreuses caches de l'Ordre.